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Les sauvages de l’île de la Sentinelle, dans le golfe du Bengale

Les sauvages de l'île de la Sentinelle, dans le golfe du Bengale
Les sauvages de l’île de la Sentinelle, dans le golfe du Bengale                                                              ESA image 2005

Les sauvages de l’île de la Sentinelle, dans le golfe du Bengale

Il y a des milliers d’années, des hommes venus d’Afrique se sont échoués sur la minuscule île de la Sentinelle, dans l’archipel d’Andaman.

Il y a 60 000 ans, des hommes de l’Âge de pierre ont migré de leur terre africaine vers l’Inde. Leurs descendants vivent, aujourd’hui, dans les îles d’Andaman, baignées par l’océan Indien. Curieusement, pour certains d’entre-eux, rien n’a changé depuis.

L’archipel d’Andaman est composé de 204 îles, dont 38 sont habitées par une population pour le moins farouche. L’île Sentinelle du Nord en fait partie. Elle se trouve, plus précisément, à une heure de bateau de Port-Blair, la capitale. Sa superficie est de 47 km2. Avec sa plage de sable blanc, son eau turquoise et sa végétation dense, elle ressemble à beaucoup d’autres. Mais à y regarder de plus près… ce n’est pas tout à fait le cas.

L’endroit est en effet peu sûr: les vents et les orages y sont apocalyptiques, les côtes déchiquetées sont dangereuses pour la navigation, un anneau de coraux rend l’île inaccessible dix mois sur douze et difficile à atteindre les deux autres. Mais par dessus tout, sa population est, dit-on, anthropophage…

Les descendants des hominidés du Paléolithique moyen

L’île Sentinelle du Nord est habitée par une population comprise entre 50 et 200 individus. En 2001, le gouvernement indien a précisé que le seul recensement – fait à distance – effectué sur l’île a comptabilisé « 21 mâles et 18 femelles ». Ce qui les distingue des autres, c’est qu’ils n’ont presque jamais été en contact avec la civilisation et qu’ils ont gardé les traditions et les habitudes des hommes préhistoriques.

Belliqueux et violents avec les étrangers

Plusieurs faits rapportés illustrent la barbarie avec laquelle ces hommes tuent, en toute impunité, pour défendre leur droit de vivre comme ils l’entendent. Déjà, au IIe siècle avant J.-C., le géographe Ptolémée parle d’une île de cannibales dans le golfe du Bengale. Au XVIIIe siècle, Marco Polo rapporte, lui, que ses habitants ne sont que des bêtes sauvages qui mangent des êtres humains.

Plusieurs naufrages renforcent cette idée de férocité inouïe. D’abord, deux bateaux britanniques, le « Briton » et le « Runnymede », pris dans une tempête, s’échouent au large de la plage de la Sentinelle en 1844. Le 9e jour, leurs hommes sont violemment attaqués par la population autochtone et, au cours de l’affrontement, 4 marins sont blessés par des flèches. Le capitaine d’un des navires remarque que ces « sauvages » semblent connaître les armes à feu: ils évitent de s’en prendre à ceux qui en possèdent et se ruent, plus facilement, sur ceux qui en sont dépourvus. Il semble qu’ils soient visités plus souvent qu’on ne pourrait le croire et/ ou que leur sens de l’observation soit particulièrement aiguisé.

Ensuite, quelques années plus tard (1896), un prisonnier réussit à s’échapper de Port-Blair. Sa fragile embarcation atteint l’île de la Sentinelle. Son corps est retrouvé sur la plage, la gorge tranchée, le corps criblé de flèches.

Le summum a été atteint récemment, le 27 janvier 2006, lorsqu’un drame s’est joué devant les yeux horrifiés de pêcheurs. Deux des leurs, ivres, s’endorment et leur barque dérive. Malgré les cris de leurs compagnons, Ils atteignent la Sentinelle et passent, sans autre forme de procès, de vie à trépas. Leurs corps n’ont pu être récupérés. Le souffle des pales de l’ hélicoptère, envoyé sur place, a fini par soulever des nuages de sable qui ont permis de découvrir les cadavres des deux infortunés mis dans des tombes.

Cette constatation met un terme au prétendu cannibalisme de cette tribu. Cette fausse allégation a probablement été délivrée par les nombreux pirates qui séjournaient dans les eaux environnantes, leur intérêt n’étant pas de voir débarquer des étrangers au milieu de leur butin.

Bien que plusieurs anthropologues, tout au long des XIXe et XXe siècles, aient tenté d’établir un contact avec la population locale, ils ont toujours été violemment refoulés. Mais n’est-ce pas mieux ainsi quand on sait que les tribus des îles avoisinantes, moins farouches, sont en voie d’extinction? Les maladies qu’elles attrapent au contact de l’étranger en sont la cause, car elles n’ont aucun anticorps.

Le tsunami du 26 décembre 2004

Le tsunami du 26 décembre 2004 n’a pas décimé ces guerriers hostiles et menaçants, du moins pas tous puisque certains ont été aperçus après la catastrophe. La monstrueuse vague, qui est arrivée sur les côtes de la Sentinelle, en a modifié complètement le paysage. Certains récifs coralliens se sont affaissés jusqu’à quatre mètres sous la mer. D’autres, au contraire, sont sortis de l’eau.

Une partie de la population a, peut-être, péri mais il est impossible, aujourd’hui, d’en connaître le nombre. Ce dont on est certain en revanche, c’est qu’ils se sont adaptés parfaitement à la nouvelle structure de leur île et qu’ils ont réorganisé très vite leur vie. Cela n’est-il pas curieux, quand on voit le temps qu’il faut aux populations modernes pour tenter de se remettre de ce terrible désastre?

Que sait-on réellement des Andamanais ?

Peu de choses, à vrai dire. Ils font partie du groupe Onge-Jarawa, originaire d’ Afrique. Ils sont petits, ont la peau noire, des cheveux crépus et vivent nus. Ce sont des chasseurs cueilleurs qui exploitent toutes les ressources offertes par leur lieu d’habitation. Ils utilisent le fer trouvé dans les bateaux qui ont sombré près de la plage pour confectionner la pointe de leurs flèches.

Ils construisent leur canot à balancier avec lequel ils pèchent tout autour de l’île, sans toutefois s’en éloigner. Ils portent des os humains en forme de collier. Enfin, Ils sont totalement autonomes.

Le gouvernement indien est décidé (pour le moment) à les laisser vivre tranquillement dans la mesure où ils ne dérangent personne, ne représentent pas une menace et que leur terre, trop petite, ne présente qu’un faible intérêt stratégique.

Le futur de ces hommes d’un autre âge est incertain, mais on ne peut nier la fascination qu’ils exercent sur notre monde aseptisé et qu’ils soient les derniers représentants d’un univers à jamais disparu.

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