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Le paysan du siècle des Lumières ou la vie en communauté

Le paysan du siècle des lumières ou la vie en communauté. Restes de la maison principale d'une communauté de la Nièvre Tous droits réservés Michèle LALLEE-LENDERS
Le paysan du siècle des lumières ou la vie en communauté.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Restes de la maison principale d’une communauté de la Nièvre

Tous droits réservés Michèle LALLEE-LENDERS

Le paysan du siècle des lumières ou la vie en communauté. Difficile de vivre sereinement à cette époque.

Dans toute l’Europe, la vie au XVIIIe s est particulièrement difficile pour les paysans.

La grande majorité de la population travaille la terre et se met en communauté familiale pour tenter de survivre au mieux dans un environnement hostile et difficile à supporter.

 

Mais qu’est-ce qu’une communauté ?

 

Le Seigneur des années 1700 est tout puissant de par sa naissance et sa fortune. Il a tous les droits y compris ceux de vie et de mort pour certains, il possède les terres qu’il distribue avec parcimonie moyennant des services rendus, selon des règles ancestrales immuables et des obligations particulièrement lourdes pour la population des laboureurs qui travaillent pour lui. Les communautés font leur apparition au début du XIe s lorsque le Seigneur s’approprie le droit de succession sur les ressources de ses paysans, tous serfs, c’est communément appelé: le droit de mainmorte.

Le seul moyen pour garder un soupçon d’autonomie est de vivre avec la famille, sous le même toit pour partager et mettre tout en commun. Ce type de fonctionnement permet lors de la mort du chef de communauté de laisser à ses parents, enfants, frères, soeurs, oncles ou cousins, la jouissance de ses biens sans que le Seigneur puisse y toucher. Cette assemblée peut donc vivre indéfiniment dans le temps. Le châtelain qui est le maître incontesté accepte de perdre les maigres ressources de ses sujets au profit d’une obligation de rester sur les terres quoiqu’il arrive. La mobilité de la population étant fort réduite, voire inexistante, ce dernier paramètre ne pose aucun problème.

 

Pourquoi la communauté ? 

 

La population a le désir de préserver ses pauvres avoirs, car elle se trouve dans une extrême pauvreté et un terrible dénuement. Les temps sont troublés, des bandes pillent et l’insécurité règne partout. En vivant avec sa famille, l’homme du XVIIIe s se sent plus fort et moins à la merci de son environnement.

En cas de conflit, le groupe est accueilli dans l’enceinte du château et se sent à l’abri.

 

« De feu, de lieu, de pain et de sel »

 

La communauté est dite de « feu » puisque ses membres partagent la cheminée, de « lieu » puisqu’ils sont sous le même toit, de « pain » puisqu’ils mangent la même nourriture (faite principalement de miches de pain) et enfin de « sel », car cette denrée est précieuse, rare à l’époque et se paie très cher. Dans le même ordre d’idées, les communautés sont dites également « au même pot et au même feu ».

 

Fonctionnement et organisation des communautés

 

Elles font l’objet d’un bail passé devant notaire, dans lequel sont détaillées toutes les corvées et les obligations. On y trouve également la notion de paiement, mais qui est, quelque peu, différente de notre vision actuelle. En effet, il s’agit plutôt d’une sorte de troc qui sert de monnaie, on paie en grains de blé, avec des volailles, des vaches pleines, des peaux de bête ou encore des bottes de foin.

Au sommet de cette humble hiérarchie, le chef ou maître de la communauté prend les décisions, mais discute avec ses subalternes de la marche à suivre. Il est le seul à pouvoir décider de l’utilisation de l’argent. Il achète des terres lorsqu’il le peut, tente d’enrichir le groupe et de subvenir à ses besoins les plus pressants. Il est le seul à porter des chaussures et sa place à table se reconnait à une feuille de vigne posée à côté de son assiette.

Une maîtresse de la communauté qui ne doit être ni la mère, ni l’épouse, ni la soeur, ni la fille du maître, s’occupe des enfants et des vieillards. Elle est aidée par les femmes pour la cuisine et la bonne tenue des lieux.

Enfin les comungs-parsonniers labourent la terre, veillent sur le bétail et s’attachent à faire les corvées dues au suzerain.(Le mot parçon vient du vieux Français qui signifie petite part, chacun des membres possédant une fraction des acquis de la communauté en fonction de ce qu’il apporte)

 

Eléments de vie: les bâtiments

 

La partie communautaire est la même partout dans le village, Elle se compose d’ espaces collectifs comprenant:

la cour avec le crot (la fontaine), la mare, la pescherie (étangs, ruisseaux).

la maison où le Maître, les parsonniers et leurs familles prennent les repas dans une très grande pièce avec, d’un côté, l’énorme cheminée et lui faisant face, le four à pain. La taille de la cheminée et celle de l’évier en pierre sont proportionnelles à l’importance et à la richesse de la communauté. Un couloir mène aux chambres individuelles, ce sont les seuls endroits où chaque couple peut avoir un peu d’intimité avec ses enfants.

Tout autour de l’ensemble, il y a la terre, les ouches (les pâturages), les champs, les jardins et les vergers avec quelques bâtiments çà et là pour le bétail.

 

Les habitudes des membres

 

Pratiquement rien n’est acheté sauf le sel obligatoire sous forme de l’impôt de la gabelle et le fer pour fabriquer des instruments agraires. Il est normal pour tout membre s’étant acquitté de son travail à l’extérieur de ramener quelque chose lorsqu’il rentre au sein de la communauté, ce peut être, un morceau de bois ou des brindilles trouvés près d’une haie pour entretenir le feu, un fruit tombé de l’arbre, des herbes servant au repas, aux infusions ou entrant dans la composition d’une potion, une pierre pouvant devenir un grattoir, un hachoir ou toute autre utilisation. Rien n’est laissé au hasard, car toute l’attention est concentrée sur l’augmentation de la richesse communautaire.

 

 

Les communautés perdureront jusqu’au XIX e siècle pour les dernières, ce mode d’activité a permis à nos ancêtres de réussir à vivre malgré les difficultés rencontrées. Ils ont, également, créé le panorama de nos campagnes d’aujourd’hui.

 

 

 

 

 

 

 

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